L’homme-ours est l’un des personnages rituels les plus fréquents dans les cortèges masqués alpins, représentations symboliques complexes liées aux rites de passage. De nombreux masques animaux, y compris celui de l’ours, prennent part à l’action avec de nombreux autres personnages et masques. Au réveil de sa longue léthargie hivernale, l’ours devient le masque-guide du cortège carnavalesque, symbole du réveil printanier et prophète de la nouvelle année agricole, trait d’union entre nature et culture, sauvage et rationnel. La tradition paysanne veut qu’au cours de la nuit entre le 1er et le 2 février l’ours sorte de son terrier et qu’il observe le ciel : si la lune est pleine, il reprend son sommeil pendant quarante jours ; au contraire, si l’on est en nouvelle lune il sort parce qu’il sait que la belle saison commence. L’action carnavalesque commence avec l’habillement de l’homme-ours. Il se met un déguisement fait de peaux de chèvre ou de plumes de poule ou de cordes de paille. L’habillement a lieu dans un endroit écarté car l’identité de la personne masquée doit rester inconnue. Quelques collaborateurs fidèles seulement peuvent contribuer au long travail de préparation de l’homme-ours. Capturé par les chasseurs, l’animal est ensuite enchaîné et emmené dans les rues du village, raillé et pris à coups de bâtons par les présents. On lui fait boire beaucoup de vin, qu’il recueille en réalité dans une gourde qu’il cache sous ses habits pour le partager ensuite avec les amis à la fin de la représentation. Après avoir visité les étables du village, il est emmené à la danse où une jeune femme arrive à l’apprivoiser. Généralement son tempérament violent disparaît seulement après qu’il a été rasé et reconduit à des formes plus humaines. On a des témoignages de déguisements avec des peaux d’ours à partir de l’Âne d’or d’Apulée, du 2ème siècle après J.C. Le personnage de l’ours a été rapproché, au cours des siècles, à des êtres démoniaques ou, dès l’avènement du Christianisme, à Lucifer. Au cours du Moyen-Âge, l’ours s’unit charnellement à la femme pour donner la vie à l’homme sauvage qui vit dans la forêt et qui possède des pouvoirs exceptionnels.

L’homme-ours dans les cortèges masqués des Alpes piémontaises

Porcellana V.
2011-01-01

Abstract

L’homme-ours est l’un des personnages rituels les plus fréquents dans les cortèges masqués alpins, représentations symboliques complexes liées aux rites de passage. De nombreux masques animaux, y compris celui de l’ours, prennent part à l’action avec de nombreux autres personnages et masques. Au réveil de sa longue léthargie hivernale, l’ours devient le masque-guide du cortège carnavalesque, symbole du réveil printanier et prophète de la nouvelle année agricole, trait d’union entre nature et culture, sauvage et rationnel. La tradition paysanne veut qu’au cours de la nuit entre le 1er et le 2 février l’ours sorte de son terrier et qu’il observe le ciel : si la lune est pleine, il reprend son sommeil pendant quarante jours ; au contraire, si l’on est en nouvelle lune il sort parce qu’il sait que la belle saison commence. L’action carnavalesque commence avec l’habillement de l’homme-ours. Il se met un déguisement fait de peaux de chèvre ou de plumes de poule ou de cordes de paille. L’habillement a lieu dans un endroit écarté car l’identité de la personne masquée doit rester inconnue. Quelques collaborateurs fidèles seulement peuvent contribuer au long travail de préparation de l’homme-ours. Capturé par les chasseurs, l’animal est ensuite enchaîné et emmené dans les rues du village, raillé et pris à coups de bâtons par les présents. On lui fait boire beaucoup de vin, qu’il recueille en réalité dans une gourde qu’il cache sous ses habits pour le partager ensuite avec les amis à la fin de la représentation. Après avoir visité les étables du village, il est emmené à la danse où une jeune femme arrive à l’apprivoiser. Généralement son tempérament violent disparaît seulement après qu’il a été rasé et reconduit à des formes plus humaines. On a des témoignages de déguisements avec des peaux d’ours à partir de l’Âne d’or d’Apulée, du 2ème siècle après J.C. Le personnage de l’ours a été rapproché, au cours des siècles, à des êtres démoniaques ou, dès l’avènement du Christianisme, à Lucifer. Au cours du Moyen-Âge, l’ours s’unit charnellement à la femme pour donner la vie à l’homme sauvage qui vit dans la forêt et qui possède des pouvoirs exceptionnels.
2011
homme-ours
cortèges masqués
Alpes
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Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/20.500.14087/6727
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